dimanche 26 janvier 2020

Dépression prénatale

Ceux qui me connaissent savent à quel point j'ai détesté être enceinte. Ce fut un véritable calvaire sans nom pour moi pendant près de huit mois.

Notre histoire joue une grand rôle dans tout cela. Après une grossesse arrêtée, il est compliqué de s'imaginer mener une aventure sans embûche, sans pensée pessimiste. Ainsi, j'ai passé absolument toute ma grossesse à "craindre" (et le mot est faible) de perdre Milo dans mon ventre, que son cœur ne cesse de battre sans aucun signe physique comme la fois précédente.
Cela a généré en moi de nombreuses crises d'angoisse accompagnées de plusieurs passages aux urgences pour entendre son petit cœur battre au creux de mon ventre.
A cela s'est ajouté des nausées quotidiennes jusqu'à la fin, une salive au gout infect qui modifiait toute mon alimentation, des vomissements jusqu'à la fin de mon 4eme mois et surtout le plus difficile un état dépressif.

J'étais mal dans ma peau, dans ma tête, je ne parvenais pas à être heureuse, épanouie là tout le monde clame que tu devrais l'être.
L'enfer c'est les autres. Cette citation a pris tout son sens durant cette période.
J'étais mal. Très mal.
 Et je devais montrer une facette de moi complétement erronée. Je prenais sur moi.
Seuls mon amoureux et ma sœur savaient réellement ce que je vivais.
Des personnes très proches de moi, et que j'aime beaucoup, ont eues des propos très violents me rappelant que ce n'était pas une maladie, que c'était pour la bonne cause et que j'avais déjà de la chance d’être tombée deux fois enceinte là où certaines n'y parviennent pas. Le blabla bien cliché, bien culpabilisant des meufs qui ont adoré être enceinte ou qui n'ont pas encore d'enfant.

Et moi, j'encaissais. Je me disais qu'elles avaient surement raison et surtout j'ai douté de mes capacités à être une bonne maman. Je me disais qu'avec un état d'esprit si négatif je ne pouvais pas être une maman aimante, j'envoyais bien trop de mauvais messages à mon bébé.

J'ai souffert... Mais comme j'ai souffert.
Aujourd'hui je pose les mots " dépression prénatale" car deux années se sont écoulées. Je me suis apaisée face à tout ça. J'ai pris du recul. J'ai crée une relation avec Milo remplie d'amour et de partage là où je pensais qu'il ne m'aimerait jamais de lui avoir fait subir tout ça in utero.
Cette expérience laisse quelques traces chez Milo et moi, on ne va pas se mentir mais lorsque nous serons complétement prêts lui et moi nous irons soigner tout ça.

Peut-être que si je n'avais pas vécu ma grossesse de cette façon je n'aurai pas été autant dans le maternage proximal? Car j'avais ce besoin de réparer, de nous réparer, de me réparer.
Peut-être que si... Je n'en saurai jamais rien.
En tout cas, enceinte je ne m'imaginais pas être la maman que je suis devenue.
Cododo, maternage proximal, violence éducative ordinaire... Tous ces termes m'étaient totalement inconnus.

Une certitude. Si je devais revivre la même chose pour de nouveau avoir ce petit garçon si parfait évidemment que je le ferai car c'est grâce à lui surtout que je suis cette maman là.

Par contre, ceux qui me disaient que j'oublierai c'est NON.
Jamais je ne pourrais oublier cette période de ma vie, ces idées si sombres où la survie mentale était de rigueur, où les larmes et l'angoisse ont ponctuées mes journées.

Et c'est aussi UNE des raisons pour lesquelles aucun second enfant n'est en projet. Peut-être le temps fera son affaire mais à ce jour je ne me sens pas prête de prendre le risque de revivre cela et de le faire subir à Milo. Peut-être serais-ce différent mais dans le doute je m'abstiendrai.

Juste un conseil. Chaque femme vit cette expérience différemment. Évitez les phrases toutes prêtes qui dévastent à l'intérieur, celles qui disent que ce n'est pas une maladie et tout le tralala.
J'ai été malade du 05 juin 2017 au 30 Janvier 2018 pour ma part sans aucune prise en charge physique ni mentale.

Un médicament absolument miraculeux du nom de Milo m'a totalement guérie le 30 Janvier 2018 mais avant ça j'ai eu très mal à l'âme, au cœur, au corps malgré ce bonheur sans nom qui se profilait et qui a tenu sa parole une fois au creux de mes bras.

Heureusement la dépression post-natale m'a épargné. Les statistiques montrent pourtant que les mamans souffrant de tendance dépressive pendant la grossesse sont plus sujettes à la dépression post-natale. Ici même pas le baby-blues ne m'a effleuré. J'étais la plus heureuse. Plus rien ne pouvait venir entacher mon bonheur.

Malgré tout, je reste envieuse de ces femmes qui vivent des grossesses de rêve. A priori je ne le connaitrais jamais. C'est ainsi. J'apprends à l'accepter. Ce qui était un échec pour moi au départ devient peu à peu juste une expérience de vie. 

Celles qui vont bien profitez de ce cadeau que vous fait la vie. Celle qui ne vivront jamais la fausse-couche ou l'infertilité soyez reconnaissantes de la légéreté de votre expérience. 
N'oubliez pas que certaines ne nagent pas dans le bonheur.
Celles qui vont moins bien, ne culpabilisez pas. Vous êtes et serez une super maman avec une force d'acier. Ne gardez pas ça pour vous. Parlez en aux proches qui pourront vous entendre, vous écouter, vous comprendre et surtout sans vous juger.
Et allez évacuer ça chez un professionnel ( énergetique, hypnose, psy...) si vous vous en sentez capable. J'ai regretté d'avoir autant intériorisé pour rentrer dans les standards de la société et laisser croire que j'allais pas si mal. Ca m'a bousillé...

Dans quelques jours, nous fêterons les deux ans de mon petit garçon. J'en profiterai pour trinquer à la fin de ce supplice et le début de ma nouvelle vie, de mon nouveau moi avec cette petite personne que j'aime si profondément et qui m'a permis d'être celle que j'avais vraiment envie d'être. Merci mon fiston.