mercredi 17 janvier 2018

Lettre à toi, mon bébé


Dans moins de deux mois maintenant nous allons nous rencontrer.
Enfin!
Tout le monde trouve que le temps est passé vite même ton papa mais moi je trouve justement que le temps se fait long.

Vendredi 16 juin 2017, je décide en sortant du boulot de passer chercher un test de grossesse à la pharmacie. Aucun retard de règles, aucun signe particulier sinon une poitrine un peu douloureuse mais j'en achète un tout de même en prenant bien soin de ne rien dire à ton papa pour le préserver en cas de résultat négatif. Car des tests urinaires j'en ai fais par dizaines depuis le 17 Octobre 2015, jour où l'on a pris cette décision, LA décision de toute une vie, celle de ne plus être que deux, celle de nous partager pour donner la vie à un petit être qui sera la moitié de nous pour former un tout forcément parfait, non pas parce que nous le sommes mais parce que nous serons forcément fous de toi. Nous avons essuyé beaucoup d'échecs chaque mois sans fichu trait qui apparait sur le petit écran, puis un jour un test positif mais là encore fausse joie, il s'agit d'un faux positif car la prise de sang le lendemain est unanime: aucun bébé ne grandit en moi. Puis encore un coup dur, après un petit trait rose le 1er avril 2016 (on comprendra plus tard que ce fut un mauvais poisson d'avril de la vie) une fausse couche en mai avec un curetage qui casse un peu nos cœurs. Après une pause de quelques mois, un voyage à New-York et la reconstruction de nos espoirs d'être parents un jour, voici un joli trait très très clair sur le test au creux de ma main. Ton papa n'est pas là. Je suis partagée entre sauter de joie et rester très très lucide sur le fait que rien n'est gagné mais n'empêche c'est un bon début...
Je dois l'annoncer à ton papa que j'aime appeler ici sur le blog mon "George". Seulement voilà je suis stressée. Je ne sais pas comment le lui dire. Finalement, j'ai caché le test derrière mon dos mais mon sourire m'a trahi tout de suite et il a compris avant que je ne lui tende qu'on avait réussi la première étape. Il me prend alors dans ses bras, en me se répétant qu'il faut rester prudent et ne pas trop s'emballer mais il est heureux. Je le discerne derrière sa pudeur.

Lendemain matin première heure, je file à la pharmacie chercher un second test (positif lui aussi) puis je cours au coin de la rue faire une prise de sang pour vérifier que nous ne sommes pas en train de rêver.
Après cela on se prépare car ce n'est pas tout mais nous sommes de mariage aujourd’hui et nous devons nous faire beaux. Malgré tout, je ne pense qu'à cela, j’attends le mail du laboratoire comme le St Graal. Peut être arrivera t'il cet après midi? Peut être lundi? La dame du laboratoire n'a pas pu me donner de réponse précise.
Finalement, nous sommes en route pour rejoindre les copains chez tonton Jutoss pour partir tous ensemble au mariage sur Aix en Provence et là j'ai un mail...

...Un tout petit bout d'humanité grandit en moi... Nous avons à peine le temps de nous prendre la main que la voiture de ton papa s'engage sur le chemin de terre et que nous voyons au loin nos copains tout beaux prêts à partir pour le mariage de Julie et Simon.
La soirée est folle. Nous sommes tout chamboulés même si la prudence reste le maître-mot après notre expérience de l'an passé. Malgré tout nous sommes excités, je n'ai jamais été aussi heureuse de ne pas pouvoir boire de champagne, ton papa lui boit pour moi et finit assez alcoolisé mais il est tellement touchant avec son petit secret qui le rend tout sourire car personne ne se doute de rien évidemment...

Les jours qui suivent ne ressemblent en rien à cette journée festive. L'angoisse, du moins chez moi, prend le dessus et j'ai peur. Terriblement peur de te perdre. Les journées qui nous séparent du premier rendez vous médial semblent si longues... Je pleure beaucoup, tous les jours, et je culpabilise de te faire subir déjà tout ça, toi mon petit poisson comme j'aime t'appeler, déjà si petit et déjà si confronté aux angoisses de ta maman. 
À cela s'ajoute beaucoup beaucoup de nausées, des vomissements quotidiens, une salive au goût immonde (que j'ai toujours à l'aube d'accoucher),un mal-être physique infect qui font de moi une véritable loque humaine qui subit cette période... Je n'y peux rien, je n'arrive pas à être heureuse. La peur me ronge. Lors de notre expérience malheureuse j'ai senti dès le départ que quelque chose clochait et malgré un passage aux urgences je savais au fond de moi que c'était pas cette fois-ci la bonne, là je me suis promis de m'écouter mais étrangement je ne ressens rien. Ou alors si, j'ai constamment l'impression que ton petit cœur ne bat plus... 
Arrive enfin notre premier rendez-vous médical avec première échographie de datation. Tu vas bien. Ton cœur bat comme un petit fou à plus de 150 Bpm. Nous sortons rassurés mais cela ne dure que quelques jours. 
Il me faudra te sentir gigoter au creux de mon ventre pour être parfaitement rassurée... J'ai mis du temps à créer un réel lien avec toi mon bébé car j'avais terriblement peur de te perdre et de fait je me suis beaucoup protégée mais le 19 Octobre pour la première fois je te sens bouger. Je sors comme une furie de notre chambre, des larmes pleins les yeux, le dire à ton papa qui, je le vois, est soulagé. Depuis le début il tient les commandes. Il ne s'autorise pas à craquer devant moi, ni même à douter car il doit faire contre poids avec ma fragilité latente et je l'en remercie de toute mon âme mais je sais que parfois il a douté aussi... Il a eu peur de te perdre... 

Nous apprendrons aussi rapidement que tu es un petit garçon. Moi je ne suis pas étonnée car je me suis toujours vu maman d'un petit mec sans pouvoir l'expliquer... 
Nous sommes heureux. Je suis heureuse. Je sais qu'il n'y aura pas meilleur papa que celui que je t'ai choisi pour t'inculquer les jolies valeurs de la vie, le respect des autres et particulièrement des femmes, la tolérance, l'ouverture d'esprit et l'amour du rock n'roll ...

Aujourd'hui, nous sommes à 47 jours de notre rencontre.
Bien sûr il n'existe pas de science exacte. Seulement 5% des bébés arrivent pile le jour de la date prévue d'accouchement mais quoi qu'il en soit j'ai le pressentiment que tu n’arriveras pas avant terme... 
Je sens que tu es bien au chaud dans mon ventre et que tu t'y plais bien. Tu bouges assez pour me rassurer mais pas au point de me faire souffrir à grands coups dans les côtes.
Tu es déjà si parfait dans mon bidou ... 

Avec ton papa, nous commençons à nous impatienter. Nous avons hâte de pouvoir te serrer tout contre nous et vivre de jolis moments avec toi où le temps n'aura plus aucune valeur, où ton odeur suffira à nous rendre fous d'amour, où tu seras notre moteur pour avancer et devenir une meilleure version de nous même au quotidien. 

Aucune pression mon amour. Tu arrives quand tu le décides. Juste sache que papa et maman sont prêts à t'accueillir. On fera du mieux qu'on le pourra sois-en-sûr mais sois tolérant avec nous car pour être tout à fait franc avec toi, on n'y connaît pas grand chose en bébé... On va tout apprendre avec toi... On fera une équipe de choc tous les trois! C'est une évidence... 


Tendrement, 


Ta maman 





2 commentaires:

Bertrand a dit…

très joli texte, très vrai et émotions partagées par beaucoup d'"anciens" futurs parents...
vivement le jour de son arrivée,
ce jour là, tout change....

Chroniques d'une tatouée a dit…

Merci beaucoup pour ton commentaire. Ce jour là est si attendu... On compte les jours littéralement...