Là où dans certaines cultures ce terme n’existe pas tellement c’est instinctif, chez nous on l’appelle donc le « maternage proximal ». En réalité, il s’agit tout simplement d’être à l’écoute des besoins physiologiques et affectifs de son bébé (et enfant en grandissant).
Concrètement, un bébé né parfaitement immature et incapable de se suffire à lui-même. A la différence de la plupart des autres mammifères qui sont capables, par exemple, de se déplacer dans les jours voire les heures qui suivent leur naissance, le petit humain est totalement « tributaire » de ses parents longtemps pour se déplacer, se nourrir, obtenir de l'affection...Au delà de ça, il a passé neuf mois au chaud dans le ventre de sa maman et donc il a besoin d’une transition en douceur vers le monde extérieur.
La société occidentale veut que le bébé soit rapidement autonome et surtout surtout qu’il ne fracasse pas trop notre vie d’avant.
Ce qui est de fait assez incroyable. Ce petit bébé qui soit dit en passant n’a jamais demandé à venir au monde, devrait manger toutes les 3 heures, vite faire ses nuits (enfin plutôt NOS nuits), ne pas trop pleurer et si le cas, on nous laisse à penser que c’est un futur « chieur » et qu’il faut le laisser un peu pleurer pour qu’il comprenne que ce n’est pas lui qui commande. Il faut aussi qu’il dorme rapidement dans SA chambre pour éviter la dépendance.
On a (presque) tous été élevé comme ça. Les pédiatres de nos parents tenaient quasiment tous ces propos là et nos parents ont suivi ces conseils et c’est bien normal car à l’époque, aucune étude ne venait démentir toutes ces croyances.
Aujourd'hui, des études très sérieuses en neurosciences sont venues anéantir tout ça. Je vous renvoie vers les ouvrages aussi passionnants que complets du pédiatre le Dr Catherine Gueguen pour connaitre les détails de ces études. Sauf que ces croyances ont la vie dure.
Certains ne connaissent pas les résultats de ces études et continuent d’agir avec leurs enfants comme leurs parents ont fait par méconnaissance, d’autres s’en contrefoutent et ne veulent pas en entendre parler, d’autres sont sceptiques. Les professionnels de santé ne sont même pas formés à tout ça.
Bref la Science dans ce domaine n’a pas beaucoup de poids.
Aujourd’hui on sait que le maternage proximal aide le bébé à mieux se développer sur tous les plans.
Pour la faire TRÈS courte, il aide l'enfant à produire des hormones nécessaires à son développement donc augmente sa confiance et permet de diminuer le stress. Cette hormone appelée l'ocytocine (ou hormone de l'amour) est sécrétée pendant l’allaitement, pendant les câlins, lorsqu’on le rassure, le sécurise...
A contrario, laisser un bébé pleurer par exemple,ne pas répondre à ses besoins instinctivement active la sécrétion de cortisol. Une hormone très néfaste qui détruit les circuits neuronaux de bébé, altère sa confiance en lui et en ses parents, empêche la maturation du cerveau...
Mais comment faire du maternage proximal?
Répondre aux besoins de bébé sans se soucier de la société tout simplement comme Dame Nature l’a prévu à la base.
Allaiter à la demande, porter bébé le plus possible en écharpe physiologique, ne pas laisser pleurer bébé, pratiquer le cododo (en respectant certaines consignes de sécurité comme ne pas dormir avec bébé si vous êtes alcoolisé, drogué, fumeur, ne pas dormir avec une couette ou un linge pouvant recouvrir bébé... ça parait logique mais c'est important de le répéter) réaliser des massages à bébé, pratiquer la langue des signes pour faciliter la communication
Il y a mille et une façons de pratiquer le maternage proximal. Certaines mamans feront tout car elles n’envisagent pas de faire autrement, certaines ne s’y retrouveront que dans certaines pratiques, certaines seront informées et prêtes dès la grossesse, d’autres découvriront petit à petit ce concept si naturel mais si controversé par la société actuelle qui a peur clairement que l’on devienne esclaves de nos bambins.
Concernant mon expérience, enceinte de Milo le concept de « maternage proximal » m’était parfaitement inconnu. Pour être honnête, je ne me suis pas posée une seule fois la question enceinte, et on en a jamais discuté de fait avec mon mec non plus, de comment on serait en tant que parents. Ah si! Je disais qu’il dormirait dans sa chambre dès le retour de la maternité, je trouvais l’allaitement gênant (et je m’étais même désabonnée d’un compte Instagram d’une maman qui se montrait en train d’allaiter.) Quand j'y repense...
Puis j’ai mis au monde mon petit garçon. Déjà là, mes principes en ont pris un coup. Dès le retour de la maternité, on a mis son petit lit (à barreaux) dans notre chambre et il y est resté jusqu’à ses 6 mois. Puis petit à petit j’ai été en désaccord avec les pratiques dites courantes que me conseillaient les professionnels de santé autour de moi.Je n’ai jamais jamais pu laisser Milo pleurer et pourtant on a eu des moments très difficiles entre le RGO et le syndrome de Kiss où il a pleuré parfois des journées entières sans s’arrêter.
Je n’ai pas allaité. J’ai tenté. Petit poids, puéricultrice violente à la mise au sein, méconnaissance totale car je pensais que c’était instinctif donc simple mais si le bébé fait ça d’instinct oui, nous les mamans devons être informées sur les difficultés rencontrées au début, les douleurs, les astuces, les erreurs à éviter afin d’être armées contre le personnel en maternité qui, bien souvent, n’est pas formé correctement à l’allaitement. Moi clairement je n’y arrivais pas. Milo était un petit poids car prématuré et elle m’a stressé, à été violente physiquement en me pinçant le mamelon et en écrasant la tête de Milo contre mon sein. Novice, fatiguée après plus de 34 heures de travail je n'ai pas su la remettre a sa place et j’ai accepté le biberon dès le premier soir. Tout comme j’ai accepté (et c’est ma plus grande plaie ouverte de culpabilité) de laisser Milo à la nurserie la première nuit car elle m’a dit qu’il n’arriverait pas à réguler sa température.
Aujourd’hui je sais que ce que mon bébé avait le plus besoin, après cette violence extrême qu’est la naissance, c’était de me sentir, me toucher, être à mon sein.
Mais j’ai cru qu’elle savait mieux que moi et je l’ai laissé me prendre mon bébé. J’en fais des crises de larmes encore quand je repense à cette première nuit qu’il a passé seul dans ce berceau en plastique avec cette sorcière. Il aurait dû être avec moi,tout contre mon cœur et ma chaleur corporelle aurait suffit à le réguler. Milo a encore des nuits chaotiques à 2 ans et je sais que c’est lié...
Comme tout "bon parent" qui se respecte j’avais le lit à barreaux et il y a dormi jusqu’à ses 8-10 mois. Je ne dirai pas que c’était une catastrophe. Il y a plutôt bien dormi tant qu’il a été dans notre chambre mais dès qu’on a voulu le mettre dans son petit univers ça a capoté. Aujourd’hui avec tout ce que j’ai lu sur le cododo et pour le pratiquer depuis ses 8-10 mois, on opterait pour le cododo bien plus tôt avec un lit spécial (ceux qui s’accrochent au vôtre) puis plus grand le cododo dans notre lit mais notre histoire est ainsi. J'ai appris sur le tas. J'essaie de ne pas nourrir trop de culpabilité ça m'aide pas franchement à avancer.
Aujourd’hui Milo a son lit à lui. C’est un matelas au sol (choix fait pour le laisser libre de se coucher et se lever selon ses besoins) en 140. Je l’accompagne chaque soir à l’endormissement avec un rituel bien ficelé qui l'aide à se sentir en confiance et en sécurité. Chaque endormissement est serein. Ça dure rarement plus de 20 minutes et c’est honnêtement le meilleur moment de ma journée. Après lorsqu’il émettra l'envie de s’endormir seul je respecterai et même si ce moment va me manquer je ne forcerai rien. Je n’ai jamais eu le courage de l’apprendre à s’endormir seul selon les méthodes qui circulent sur le net, qui consiste à le laisser pleurer quelques minutes de plus chaque jour en réassurant sans prendre dans les bras. Les études montrent qu’un bébé qu’on laisse pleurer dans son lit pour l’apprendre à devenir autonome d’un point de vue sommeil arrêtera de pleurer à coup sûr au bout de quelques soirs. Mais c’est seulement de la résignation. Il sait que personne ne répond à ses appels donc il se résigne. Les résultats sont là. Mais les conditions et les conséquences ne me correspondent pas. Milo continue de se réveiller une fois dans la nuit et donc son papa ou moi, allons dormir avec lui pour terminer la nuit en douceur.
Finalement je suis devenue cette maman en lisant certes mais aussi parce qu’au fond de moi je sentais que j’étais en décalage avec ce que la société attendait de moi, de Milo et petit à petit je me suis informée mais surtout je me suis écoutée et je l’ai écouté! C'est honnêtement pas simple d'être différent dans sa façon de faire avec son enfant. Je me sens souvent jugée, regardée, incomprise. J’ai décidé (enfin plutôt ça s’est imposé au moi car je ne me voyais pas faire autrement) d’être à l’écoute des besoins de mon fils, de ne pas lui imposer notre rythme de vie, nos conditions sous prétexte que nous sommes des adultes et lui un bébé.
Évidemment ça va de pair avec une éducation en conscience et respectueuse. Ce sera le thème d’une prochaine chronique. Ça a généré en moi tout un tas d’émotions et de réflexions cette parentalité...
Certains diront que nous sommes esclaves de nos enfants, que nous en faisons des enfants rois. Je répondrai juste que je le traite comme j'aimerais être traitée, avec bienveillance, amour, empathie, écoute parce que c'est un être humain tout simplement et pas uniquement un "bébé" qui obéit. (d'ailleurs je déteste ce mot)
Il n’y a pas qu’une façon de bien faire. Certaines ne se sentent pas d’allaiter et je fais partie de celles qui pensent (au risque de me faire dérouiller par les pro-allaitement) qu’il vaut mieux un bébé au biberon avec une maman épanouie et sereine qu’un bébé allaité par une maman qui le fait à contre-coeur. Et je dis ça malgré le fait que je garde un goût amer de ne pas avoir allaité Milo. Certaines ne seront pas fan de portage, certaines auront peur en faisant du cododo. Bref, materner bébé regroupe tout ça mais finalement je me dis qu’on peut ne pas tout pratiquer et malgré tout être dans le maternage proximal. La seule évidence, c’est de répondre aux besoins de son bébé. Laisser pleurer, attendre avant de donner à manger alors qu’on sait qu’il à faim, forcer l’endormissement seul... Ça c’est difficile à supporter pour mon cœur de maman quand je sais ce qui se passe dans le cerveau de nos tout petits.
Arrêtons de créer un rapport de force avec des petits êtres qui n’ont aucune capacité à nous emmerder ou nous dominer. Tant que l’on verra nos bébés comme des petits monstres à dresser la société n'évoluera pas.
C’est la chair de notre chair qui a juste besoin de nous sentir, nous toucher, nous entendre....
Bien sur nous avons chacun(e) notre seuil de tolérance. Certain(e)s seront plus patient(e)s que d’autres et il est important de rappeler qu’il faut s’écouter, connaître ses limites pour pouvoir passer le relai à quelqu’un si on se sent à bout de nerfs ou si personne ne peut nous suppléer, accepter de laisser pleurer bébé quelques minutes après l'avoir mis dans un lieu sécurisé le temps de prendre l’air, souffler et retrouver ses esprits. Évidemment expliquer à bébé, même s´il n’a que quelques semaines, pourquoi on l'a laissé et le rassurer. Ça vaut mieux qu’un bébé secoué. J’imagine le pire mais c’est une réalité...
Pratiquer le parentage proximal (les papas peuvent également porter, cododoter...) ne signifie pas être parfait mais essayer de faire de son mieux chaque jour qui passe, apprendre de ses limites, de ses erreurs, de ses failles, s’informer toujours plus, ne pas rester sur ses vieux schémas éducatifs obsolètes, se remettre en question et surtout surtout tout expliquer à bébé peu importe son âge.Si déjà nous faisons tous ça, le monde ira mieux car un enfant entouré d’amour, de câlins, rassuré, sécurisé, qui se sent écouté et compris deviendra un adulte confiant, empathique et bien dans ses baskets. Nous avons la génération de demain entre nos mains...